Platon défend la thèse, dans la République, selon laquelle les "meilleurs" doivent gouverner, c'est parce qu'il conçoit la politique comme une sorte de rédemption, d'éducation. Celui qui gouverne doit éduquer le peuple, ignorant, au bien, et cela, parce que seul, il a la connaissance du bien. La tâche première du politique n'a donc rien à voir avec la gestion des affaires communes. Il s'occupera avant tout de rendre les hommes meilleurs, il cherchera à convertir la cité humaine aux valeurs transcendantes. La politique a donc une fonction idéale. L’idée que certains, par nature, sont voués au commandement, paraît alors compréhensible : gouvernent ceux qui sont capables d’accéder aux valeurs. Pour ceux-là, le pouvoir est conçu comme un devoir, une tâche, un service, et non pas comme la satisfaction d’intérêts quelconques (on "sent" ici l'enjeu de cette problématique : le risque est bien que le politique et donc la politique ne soit que la satisfaction d'intérêts, qu'ils soient communs ou particuliers, après tout, la différence n'est-elle pas infime ?). En conséquence, la conception platonicienne de la politique implique un rejet de la démocratie et de tout son attirail : le vote, le référendum...
I- Pouvoir et justice (République, Livre I) : le politique ne doit pas gouverner selon son intérêt mais selon la justice
Dialogue entre Socrate et Thrasymaque :
Pour Thrasymaque, le pouvoir s’exerce en vue de l’intérêt de celui qui le détient. Cette thèse s’oppose totalement à ce que veut montrer Platon. Pour réfuter Thrasymaque, Socrate va analyser la notion d’intérêt.
Dans la conception de Thrasymaque, si le juste est arbitraire (puisqu’est juste ce que celui qui détient le pouvoir décide être juste), l’intérêt, lui, n’est pas arbitraire. Le pouvoir peut donc se tromper sur ce qu’est son intérêt et décréter juste ce qui lui nuit.
Face à cette objection, Thrasymaque va soutenir que le chef ne peut pas se tromper. Il convient donc que le pouvoir est un art. Or,