La révolution tunisienne
Jalel el-Gharbi, professeur à l'Université de La Manouba-Tunis livre à « L'Orient-Le Jour » son récit d'une révolution vécue de l'intérieur.
Vendredi 14 janvier. Les Tunisiens renversent le régime de Ben Ali, leur président. Moins d'un mois plus tôt, Mohammad Bouazizi s'immolait par le feu pour protester contre le chômage et les agressions que la police municipale lui avait fait subir. Personne ne se doutait que ce feu consumerait le « trône » présidentiel.
Dans la soirée, Tunis ne fête pas sa révolution. Alors que Ben Ali survole la Méditerranée en quête d'un asile, des coups de feu résonnent à Tunis, des victimes sont signalées. Des actes de vandalisme et de pillage sont enregistrés. La nuit sera cauchemardesque. Des citoyens sont agressés chez eux.
Il est rapidement clair que ces violences dépassent Tunis, tout le pays est touché. Même les villages les plus reculés sont terrorisés. Très vite, les citoyens s'organisent en comités pour défendre leurs quartiers. Ces comités collaborent entre eux et échangent des informations.
Sources : http://www.hanafi-art.com/revolutiontunisienne2.html
L'amabilité, le professionnalisme des soldats sont épatants. Mais les gens sont terrifiés. Et les rumeurs enflent. Mohammad est universitaire, il vient de réussir brillamment son agrégation. Il est dans la rue avec les autres.
À Tunis, on n'est pas habitué aux tirs et surtout pas aux tirs aveugles. Chez mon amie, des gangs ont attaqué les immeubles de la cité Asaha à l'Ariana. Les hommes se sont défendus avec les moyens du bord. Les femmes, quant à elles, jetaient des bouteilles et ce qu'elles trouvaient par les fenêtres.
Le 15 janvier, l'armée réagit avec force et professionnalisme. Partout, des miliciens sont arrêtés. Ils doivent être protégés de la vindicte du peuple. Un officier de l'armée ayant requis l'anonymat vient me confier : « Grâce aux citoyens, nous avons pu arrêter un nombre conséquent de miliciens. Nous déterrerons les