La salamandre d'Alain Tanner
Laura Mulvey décrit dans un article2 la théorie des « trois types de regards », c’est-à-dire le personnage masculin qui regarde le personnage féminin dans la diégèse, la caméra qui met en exergue le corps féminin et le spectateur qui regarde le corps féminin montré par la caméra. D’après Mulvey, ces regards « objectivent » le corps de la femme et surtout construisent un rapport de genre. On construit un regard masculin hétérosexuel dans le film pour le regard d’un public masculin hétérosexuel.
Nous nous sommes demandés si on pouvait trouver dans la démarche critique des films appartenant au « nouveau cinéma » une construction de ce genre. Nous avons décidé d’analyser un film du « nouveau cinéma Suisse » : La Salamandre d’Alain Tanner.
Nous allons analyser une scène de « séduction » entre Jean-luc Bideau et Bulle Ogier (temps de la scène : de 46 :15 à 54 :05).
Nous nous poserons les questions suivantes: D’abord comment se construit le rapport de « pouvoir » entre les amants? Ensuite comment s’établit leur rapport de séduction? Puis comment le film « déconstruit » la sensualité de la scène d’amour entre les deux amants ? Et enfin, la théorie de Mulvey fonctionne-t-elle dans ce cas ?
Pour commencer, regardons les rapports de pouvoir qui s’établissent entre Rosemonde et Pierre et comment ils sont montrés.
Paul (Jacque Denis), Pierre (Jean-luc Bideau) et Rosemonde (Bulle Ogier) sont les protagonistes principaux. Dans le film des univers différents caractérisent ces trois personnages. Pierre c’est le journaliste, le citadin, le pragmatique, le didactique qui cherche la vérité et la réalité à travers un microphone et un appareil photo. Paul c’est l’écrivain, l’artiste, le campagnard, le rêveur, qui préfère sa fiction à la réalité. Une fiction qui rattrapera la réalité ou peut-être le contraire. Le film ne nous le dira jamais vraiment. Rosemonde est le personnage qui se promène dans ces deux