La sociologie de l'éducation aujourd'hui
1 – Des courants fondateurs aux thèmes de la sociologie de l’éducation aujourd’hui
A partir de la seconde moitié des années 1970 et surtout dans les années 80, la sociologie de l’éducation connaît un réel développement, dominé par le souci d’illustrer, plus que de tester, les thèses de la reproduction, la plupart des chercheurs ayant été marqués par la théorie de Bourdieu (M. Duru-Bellat, 2002). D’une sociologie déterministe des structures, d’une sociologie de l’inégalité des chances, on passe à une sociologie plus proche du terrain (niveau plus micro-sociologique), des processus et des acteurs mettant l’accent sur le travail de « construction » des « acteurs » à l’intérieur de la « boîte noire » - l’établissement scolaire - de l’institution scolaire (F. Poupeau, 2003), à une sociologie des formes concrètes d’inégalisation (J. M. de Queiroz, 1995) ; à une diversification des objets d’étude. Cette période marque une rupture avec le postulat du primat absolu des inégalités de classe dans l’interprétation des différences d’éducation.
Ce développement de productions sociologiques sur le « local » en éducation - dont le point de départ est le rapport Carraz (1983) -, à l’époque de la mise en place de politiques publiques de lutte contre l’échec scolaire (les Zones d’Education Prioritaires, le Projet d’Etablissement, …) ambitieuses (A. Barrère et N. Sembel, 2005), résulte de la concurrence que rencontre la sociologie de l’éducation au travers d’un « pôle de recherches appliquées », au travers des rapports sur les différents maillons du système commandés à des experts (sociologues ou non), au travers des propres structures d’évaluation du système (Direction de l’évaluation et de la Prospective) qui conduit son discours sur l’école à être pris dans une quête de légitimité à la fois politique et scientifique, à la transformer en discipline d’accompagnement et d’enregistrement des décisions institutionnelles. Il découle,