La société bloquée
L’Etabli, par Robert Linhart, Les Editions de Minuit, 1978.
Voici le résumé que l’on retrouve au dos de la couverture du livre :
″ L’Etabli, ce titre désigne d’abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s’embauchaient, « s’établissaient » dans les usines ou les docks. Celui qui parle ici à passé une année comme O.S.2, dans l’usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève. Il raconte ce que c’est, pour un Français immigré, d’être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
Mais l’Etabli, c’est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu’elles passent au montage.
Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l’intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production. ″
Chapitre I. – Le premier jour. Mouloud (P.9 à 26) :
L’Etabli découvre le travail à la chaîne. En regardant celle-ci fonctionner, il a l’impression qu’elle est immobile et que le temps n’avance pas. Par rapport à son imagination, il pensait voir une machine saccadée avec des temps de fonctionnement et d’arrêt. Mais au contraire, il découvre un mouvement lent et continu de la chaîne de production (J’entrevois une guerre d’usure de la mort contre la vie et de la vie contre la mort. La mort : l’engrenage de la chaîne, l’imperturbable glissement des voitures, la répétition des gestes identiques, la tâche jamais achevée. Une voiture est elle faite ? La suivante ne l’est pas, et elle a déjà pris la place) page 13.
L’Etabli est directement confié à Mouloud, ouvrier Algérien, soudeur à l’étain. C’est un immigré qui pense à son retour au pays. Aucune explication de la part du contremaître sur ce qu’il doit faire et comment il doit le faire. Découverte du poste sur lequel il doit travailler en