La société nous corrompt-elle ?
Du latin socii la société est difficilement définissable par la pluralité des sens qu'elle peut prendre. Ainsi Hegel définit la société non seulement comme le moment de la réalisation encore abstraite des intérêts privés, mais surtout comme une opposition totale à la définition de l'État. En effet, la société est le moment de la particularité, celui dans lequel l'individu poursuit ses intérêts propres. C'est aussi le moment intermédiaire entre la famille et l'État, caractérisé par Hegel comme le lieu où se déploie un « système de besoin ». Dans la société civil, l'homme doit se faire citoyen, c'est-à-dire se préparer à sacrifier son intérêt propre pour l'intérêt général.
Ainsi, dans cet ordre des choses, parler de corruption reviendrait à dire que la société est capable d'altérer le citoyen en l'éloignant d'un état premier, juger meilleur ; ou de l'engager par des dons, des promesses ou par la persuasion à agir contre sa conscience, son devoir.
Si pour Rousseau cet état premier est un état d'équilibre, d'auto-suffisance, sans éducation ni progrès, une vie expérimentée dans l'instant du besoin, pour d'autres comme Hobbes il est présenté comme une période heureuse de communisme primitif, comme un état de liberté, mais non de licence pour s’achever sur une théorie de l’origine du gouvernement civil.
La société aliène-t-elle donc l'homme à son insu, si bien qu'il perdrait sa liberté naturelle?
D'une part, la société arrache à l'homme le bien être et la paix que lui procure son état originel, cependant, cet état premier de l'homme peut, dans un sens, tendre à une mise en société d'où se réaliserait la perfection de l'homme. Enfin, pour réguler cette vie en société, nait le contrat social dans lequel l'homme consent à céder ses pouvoirs à une majorité. Les société politiques sont par conséquent fruits de ce contrat.
I- L'apparition et le développement de la vie en société sont les causes irrémédiables et irréversibles de la