La solidarité. histoire d'une idée
Marie-Claude Blais, La Solidarité. Histoire d'une idée, Éditions Gallimard, 2007.
Dans l'ouvrage proposé, Marie-Claude Blais, Maître de conférences en Science de l'Éducation à l'Université de Rouen, inaugure son propos par un paradoxe: la solidarité est aujourd'hui invoquée et revendiquée partout sur la scène publique, pourtant, « on le vérifie dès le moindre essai de définition, [c'est] en vérité une notion insaisissable »1. Sans donc pouvoir fournir une définition théorique de l'objet du livre, il convient de préciser tout de même ce que l'auteur entend étudier. Elle se propose de faire l'histoire des idées véhiculées derrière un mot, la solidarité, terme qui se répand au 19e siècle, sous des acceptations les plus diverses, voire contradictoires. Représentant, pour les uns, une chaîne funeste qui unit les hommes dans le mal, pour les autres, un devoir de fraternité et d'altruisme envers son semblable; le mot sera cependant approprié par une mouvance politique, les radicaux, et deviendra le mot d'ordre d'un régime politique, la Troisième République. Abandonné après la Première Guerre Mondiale, il semble revenir en force depuis les années 1980, et même faire l'objet d'une adhésion consensuelle. Le but de l'auteur est affiché explicitement dès l'introduction: il s'agit de montrer les ambiguïtés innombrables de ce vocable, à travers son histoire, mais également de se servir de cette histoire pour essayer de re-fonder l'idée et de la définir rigoureusement, afin d'en faire un outil utile en politique. L'ouvrage nous démontre que les problèmes de définition ont toujours été présents, tout au long de l'histoire de la solidarité, mais que ceux-ci étaient auparavant pensés, discutés, même si irrésolus pour beaucoup d'entre eux. Aujourd'hui, l'idée serait utilisée sous la forme d'un consensus, d'une évidence, et, en réalité, d'un impensé, car les difficultés originelles sont loin d'avoir disparu. L'objectif est donc de dénaturaliser