La soupe et les nuages
Le quotidien urbain, présent dans les tableaux parisiens des Fleurs du mal, devient une source d’inspiration des petits poèmes en prose. Par exemple le poème 44 du Spleen de Paris écrit vraisemblablement à Bruxelles et parut dans l’édition posthume de 1869. Il est dédié à Berthe, jeune femme de petite vertu fréquentée par Baudelaire vers 1863-1864. C’est un court poème écrit à la 1e personne, récit d’une anecdote d’apparence autobiographique.
Nous verrons d’abord que le poème est bâti sur de fortes oppositions puis nous mettrons l’accent sur l’ambiguïté de ce petit apologue.
I Fortes oppositions : 1) Syntaxe propre à une dualité
- Le titre : 2 noms communs coordonnés, chacun précédé par un article défini → Une fable (penser)
- Disposition du texte : 2 paragraphes de longueur égaux
- Composition : passage de récit dans les 2 paragraphes
- 2 personnes, 2 lieux (extérieur, intérieur)
- Antithèse dans le titre : ciel monde du rêve, soupe terre-à-terre sordide
- Antithèse division en 2 paragraphes
2) Opposition des deux personnes
- Les deux personnes s’opposent nettement : d’un côté le poète délicat rêveur, de l’autre une femme vulgaire, violente, alcoolique.
3) Attitude contradictoire du poète
- Le poète regarde la fenêtre et tourne le dos à la salle à manger : il s’évade à la contemplation du ciel.
- Nuage désigne par périphrase le rêve
Ce texte est riche en parallélismes et oppositions, moins net qu’il n’y paraîtrait à première vue.
II Ambiguïtés 1) Présentation ambivalente de la jeune femme
- « ma petite folle bien aimée » : petite a une connotation positive pour but de donner de l’importance à la personne → ambiguïté dans la présentation de la jeune femme
- Quand le portrait semble tout à fait négatif, il y a toujours un adjectif positif
2) Fin abrupte
- Fin abrupte sur les paroles de la jeune femme, pas de conclusion, moral, commentaire.
- Le poète apparaît dominé par cette femme