La structure de centre-périphérie
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Toute économie multirégionale caractérisée par une forte mobilité des personnes est le siège de nombreuses externalités pécuniaires. Ainsi, les travailleurs migrants ne tiennent pas compte de l'effet de leur décision sur les travailleurs et sur les firmes implantés dans la région qui les accueille. De même, lorsque des travailleurs émigrent, leur décision affecte également les marchés du travail et des biens dans la région de départ et, par conséquent, la situation de ceux qui y restent. Ces externalités sont cruciales dans une économie avec concurrence imparfaite car les prix ne reflètent pas la valeur sociale des décisions individuelles des agents. De plus, il faut prendre en compte les interactions directes entre les marchés du travail et des biens au sein d'un modèle d'équilibre général. À première vue, la tâche semble redoutable. Cependant, comme devait le montrer Paul Krugman (1991), plusieurs de ces effets peuvent être combinés et étudiés au sein d'un modèle somme toute assez simple, connu sous le nom de « modèle centre-périphérie ».
Les profits des capitaux investis dans un pays étant dépensés dans le pays où leurs détenteurs résident, on peut en conclure que la liberté de rapatrier les revenus du capital freine l'agglomération des firmes dans le grand marché, en ne permettant pas un accroissement de la demande locale. En revanche, la taille des marchés devient endogène quand le facteur de production mobile est le travail. En effet, le travailleur déplace, à la fois, sa capacité de production et de consommation. En migrant, les travailleurs affectent, en sens inverse, la taille de leur région de destination et celle de leur région d'origine. Cette observation a conduit Krugman à reprendre en 1991 son analyse dans le cas où les deux facteurs de production seraient donnés par le travail qualifié, qui est mobile, et le travail non qualifié, qui est sédentaire.
Deux effets, l'un faisant intervenir les firmes et l'autre les travailleurs, se conjuguent pour