La symphonie pastorale
IP2"Il m'apparut soudain que Dieu plaçait sur ma route une sorte d'obligation et que je ne pouvais pas sans quelque lâcheté m'y soustraire" (page 16)
Le pasteur ne serait-il pas l'ange qui réveille Gertrude de son sommeil sensoriel, intellectuel et affectif ? Il éprouve pour Gertrude une affection d'abord paternelle, puis amoureuse. Il l'appelle tour à tour "ma chérie" (page 56), "chère enfant" (page 58), "Gertrude" et passe du tutoiement au vouvoiement de façon solennelle. Le pasteur est également soucieux du bonheur de la jeune fille. Avec une hypocrisie due à son état et à ses sentiments, il veut lui cacher la laideur du monde réel, et n'a jamais encore "osé parler du mal, du péché, de la mort". En même temps, il lui cache sa propre beauté, profitant du fait que "la beauté des âmes lui suffit" (page 59). Il parle de son "angoisse inexprimable" (page 130) à l'idée que Gertrude recouvre la vue, et de "l'appréhension extrême" (page 133) qu'il ressent en attendant son retour de la clinique.
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IP2 Mais, si ces obstacles leur laissent malgré tout la liberté de s'aimer, le problème moral reste intact. Gertrude voudrait "ne faire souffrir personne" et "ne donner que du bonheur" alors que le pasteur pense que "le mal n'est jamais dans l'amour" (page 94).
A la date du 25 avril, le pasteur analyse longuement les faits récents et finit par accepter ce qu'il n'arrivait pas à s'avouer. "Aujourd'hui que j'ose appeler par son nom le sentiment si longtemps inavoué de mon cœur..." (page 99) ; "comment, après les naïves