Histoire constitutionnelle française

Titre I : La IIIème République : L’affirmation d’une nation politique
République des paradoxes, la IIIème République l’est incontestablement. Elaborée dans un contexte politique où les républicains n’étaient pas majoritaires, elle va consacrer la République parlementaire et forger l’idéal républicain. Considérée par ses initiateurs, comme un régime d’attente, fruit d’un compromis laborieux, elle reste aujourd’hui le régime politique français le plus durable. Ne comprenant aucune déclaration de droits, elle connut l’âge d’or des libertés publiques. « République de la discorde » elle fut la caisse de résonance de crises politiques majeures, « République de la concorde », elle renforça l’union nationale et ancra le pacte républicain.

Chapitre préliminaire : L’installation du régime
I – Un contexte politique transitoire fragile et peu favorable à la République La mise en place des institutions de la IIIème République, s’est faite dans l’hésitation entre monarchie et république. Il s’en est fallu de peu que la France connaisse le rétablissement d’une monarchie constitutionnelle. Après la défaite de Sedan, en 1870, le clivage entre républicains et monarchistes se cristallise à propos de la poursuite de la guerre. Si les premiers veulent la continuer, les seconds sont partisans de l’armistice. Un gouvernement provisoire républicain s’installe le 3 novembre 1870. L’une de ses premières tâches est d’organiser des élections législatives. Celles-ci se déroulent en février 1871 et voient une large victoire des monarchistes. Si la monarchie n’est pas rétablie à ce moment, c’est à cause de la querelle dynastique qui oppose les Bourbons et les Orléans. Cette querelle de succession permet à l’Assemblée de s’arroger le pouvoir constituant en organisant la mise en place d’institutions provisoires. Cette assemblée majoritairement monarchiste désigne pourtant Thiers, républicain conservateur, comme « chef du pouvoir exécutif de la