Le roman est équivoque : baroque, pastoral, satirique, classique, picaresque, épistolaire, philosophique et romantique. Le romancier y entreprend la position de ses personnages, les conduit dans l’action et oriente le cours de l’histoire tout en articulant leur temps. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’armature réelle du roman, puis analyserons la difficulté de la tâche du romancier dans cette entreprise. Enfin, nous étudierons dans quels desseins il juge bon de faire naître le roman d’un semblant de réalité.
Champfleury en ces mots définit la tâche du romancier : "Le romancier ne juge pas, ne condamne pas, n'absout pas. Il expose les faits." Il n’est pas étonnant que le romancier s’établisse sur ce qui est déjà. Il imite et transcrit, dans un souci de réalisme et expose les choses telles qu’elles sont. Le réaliste creuse et fouille le vrai, et peut aussi bien dénoncer le petit que le grand. Il étudie les milieux internes, physiologiques, externes et sociaux, partant de sa propre expérience.
Balzac, dans la Comédie Humaine, recherche à concurrencer l’Etat civil. Dans des études des mœurs, philosophiques et analytiques, répertoriant près de 4000 personnages, se dit « le conteur des drames de la vie intime, l’archéologue du mobilier social, le nomenclateur des professions, l’enregistreur du bien et du mal. » Zola explore lui-même les milieux sociaux et espaces qu’il ne connait pas. (cf. milieu ouvrier de La Bête Humaine) Aussi, il peint la société Française sous le Second Empire tout en observant la notion d’hérédité, dans les Rougon-Macquart. Tout ceci pour garder une cohérence. Montherlant déclare : « Seuls les personnages de romans sont cohérents. » Le personnage de Camus, Meursault, est un homme qui ne veut pas mentir pour correspondre à ce qu’on attend de lui : il est logique.
Le personnage adopte une allure ordinaire et son destin est des plus communs. Ainsi, peut-on se comprendre en lui et s’y identifier car il est la plupart du