La veriter
Poser la question du rapport entre la vérité et l'Homme (aussi bien individu que genre), c'est mettre en question la légitimité et la pertinence des recherches humaines de la vérité, aussi bien en sciences qu'en philosophie, notamment. La vérité peut être entendue de deux façons, inséparables et complémentaires : la vérité-cohérence ou accord de l'esprit avec lui-même (vérité formelle) et la vérité-correspondance, "l'accord de l'intellect avec les choses" (St-Thomas d'Aquin) ou vérité matérielle. Dans ces deux conceptions, la vérité est une chose de l'esprit, conçue par l'Homme en lui-même. Est-ce à dire que la vérité dépend de nous, que notre à rapport à elle lui est essentielle? De prime abord, on peut considérer que tel est le cas.
(1. Remarques)
"L'Homme est la mesure de toute chose" : les sophistes énonçaient ainsi leur double thèse, qu'il n'y a ni être en soi ni vrai en soi. Cela se montrait comme une évidence pour ces hommes qui pouvaient persuader de la vérité de leur opinion à propos de tout. Ainsi, seule la validité formelle comptait, l'être en soi n'existant pas pour eux, l'accord de l'esprit avec les choses n'était pas assez consistant pour fonder une quelconque vérité. Cette position nous semblerait certes disqualifiée à notre époque mais elle met en lumière notre nature incomplète : une vérité objective, universelle, indépendante de nous serait problématique, étant donné que l'essence des choses nous échappe. Ainsi nous est posé le problème suivant : comment connaître la vérité sur le triangle et ses propriétés si l'essence, l'être en soi du triangle ne nous est pas accessible? Cette vérité des propriétés du triangle dépendrait à première vue de la façon dont nous concevons le triangle, de notre façon de le penser. Il se pose également le problème du critère du vrai. Il s'agit de trouver le critère donnant le plus de certitude quant à la nature universelle du jugement que nous portons et posons comme vrai.