La versification classique
La poésie, à l'origine liée à la musique, est un jeu avec les mots qui repose sur la régularité des vers, des rimes et du rythme. Ses contraintes ont été fixées par la versification classique et il faut attendre le XIXe siècle pour voir ces règles s'assouplir et même disparaître chez certains poètes contemporains. Connaître les formes classiques permet d'évaluer la distance prise par l'auteur vis-à-vis d'elles.
1. Le mètre
Le mètre dépend du nombre de syllabes prononcées dans un vers. L'alexandrin comprend douze syllabes, l'octosyllabe, huit et le décasyllabe, dix.
Pour le décompte des syllabes, il faut tenir compte de trois éléments :
– à l'intérieur du vers, le e à la fin d'un mot se prononce s'il est suivi d'une consonne au mot suivant ; il ne se prononce pas s'il est suivi d'une voyelle (on parle alors d'élision) ;
Ex. : « A/gile et/ no/ble,/ a/vec/ sa/ jam/be/ de/ sta/tue. »
(Charles Baudelaire, « A une passante », Les Fleurs du mal, 1857 et 1861.)
– à la fin du vers, le e qui termine un mot ne se prononce jamais ;
Ex. : « Chaud,/ froid,/ com/me/ la/ fiè/vre a/mou/reu/se/ me/ traite. »
(Pierre de Ronsard, « Madrigal », Sonnets pour Hélène, 1578.)
– parfois, deux voyelles en contact dans un mot comptent pour deux syllabes au lieu d'une : c'est la diérèse qui permet de mettre en valeur le mot qu'elle allonge. Son contraire est la synérèse.
Ex. : « Si/ ce/la/ c'est/ ai/mer,/ furi/eux/ je/ vous/ aime. »
(Pierre de Ronsard, « Madrigal », Sonnets pour Hélène, 1578.)
2. La rime
La rime est la répétition d'un même son à la fin des vers.
a. La disposition
On doit faire alterner rimes féminines (qui se terminent par un e muet) et rimes masculines.
Ex. : « Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts. »
(Stéphane Mallarmé, « Angoisse »,