La vie n'existe pas.
La biologie est la science du vivant. La philosophie, elle, s'interroge sur le sens de la vie, aussi bien que sur le sens des mots et des idées. On peut donc attendre de chacune de ces deux disciplines qu'elle mette l'autre à contribution. Dans ce livre, la philosophie invitera la biologie à nous dire qui nous sommes, en tant qu'organismes biologiques. La philosophie, de son côté, se chargera d'éclaircir le sens de certaines questions dont la simplicité n'est qu'illusoire : la vie a-t-elle un but? Comment la biologie serait-elle différente sur une autre planète? L'évolution est-elle une ascension vers des formes toujours supérieures? De quel genre de supériorité s'agirait-il? Y a-t-il des lois de la biologie? S'il y en a, doit-on s'attendre à ce que ces lois s'avèrent réductibles à celles de la chimie et de la physique? Ou est-ce que la science de la vie, au contraire, serait destinée à demeurer radicalement différente des autres sciences?
Nous commencerons par aborder, dans ce premier chapitre, la question la plus générale et peut-être la plus déroutante de toutes : qu'est-ce que la vie? Avant de faire l'inventaire des principales réponses possibles, nous aurons l'occasion de nous pencher sur certaines questions préalables concernant notre démarche philosophique elle-même : qu'est-ce qu'une définition? Y en a-t-il plusieurs sortes? Comment reconnaître celles qui sont adéquates?
QU'EST-CE QUE LA VIE?
L'ampleur de la question nous confronte un peu comme un immense mur lisse. On ne sait trop par où s'y prendre. Les questions typiques de la philosophie font souvent cet effet : qu'est-ce que le temps? le bonheur? l'intelligence? la beauté? Leur caractère insaisissable vaut sans doute à la philosophie une certaine mauvaise réputation : celle d'engendrer des débats aussi interminables que stériles, à propos de questions oiseuses et insolubles.
Nous reviendrons sur ce qui constitue à vrai dire une question philosophique. Mais