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Phèdre
Racine : propose dans sa préface la clef de ce personnage éponyme de la pièce. La formule est célèbre : « Phèdre n’est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente ». Cette ambiguïté fondamentale du personnage fait tout son intérêt dramatique: elle passe du registre de la noirceur à celui du remords, de la violence la plus obscure à de grands moments de lucidité, ce qui suscite chez le spectateur la pitié. Phèdre est une figure tragiquement écartelée.La culpabilité de Phèdre est d’abord une culpabilité sociale et familiale : elle aime son beau-fils, Hippolyte, fils de Thésée et d’Antiope. Elle ne respecte non plus son devoir d’épousem puisqu’elle est reine: mariée du roi Thésée, elle déchoit de son rang et trahit sa fonction. Enfin, elle est indigne du titre de mère: bien qu’ayant un fils de Thésée, Acamas, elle détruit sa famille légitime par son amour pour Hippolyte. Mais cette culpabilité n’est pas, au premier abord, de la responsabilité de Phèdre. Sa passion est vécue comme l’effet d’une machination divine, dont « la fille de Minos et de Pasiphaé » n’est que l’instrument, l’ultime manifestation. Son ascendance en effet explique quelques-uns des nombreux visages de Phèdre dans la pièce.Il est impossible néanmoins d’innocenter complètement Phèdre à la lumière de cette lourde hérédité. Sa passion la dévore, mais il faut remarquer combien sa volonté se garde d’aller dans un sens opposé au flux qui l’entraîne. Phèdre change ainsi, de manière très rapide, de registre passionnel : amoureuse (scène 3, acte I), apeurée (scène 5, acte II), jalouse (scène 5, acte IV), repentante (scène 7, acte V), elle passe pas divers états qui la ravagent au point qu’elle abdique tout pouvoir sur elle-même. Sa raison sait être de mauvaise foi lorsque son amour pour Hippolyte est en jeu. La dernière scène de l’acte I le montre bien : Phèdre, proche du suicide, répond aux exhortations d’Œnone en rejetant la responsabilité de ses acteurs