La ville
L’augmentation massive de la population humaine, jointe à l’industrialisation et à l’évolution économique du monde moderne, a déjà conduit à une urbanisation en plus en plus poussée. Les cités tentaculaires1 s’étendent au point de devenir monstrueuses2. Toutes les grandes villes d’Europe occidentale prennent une ampleur3 telle que de nombreux problèmes pratiques revêtent chaque jour une urgence plus grande (celui du transport n’en est qu’un des plus immédiats). On prévoit que d’ici peu d’années les agglomérations établies d’Amsterdam à la frontière belge ne formeront plus qu’une seule ville. Aux Etats-Unis, les grandes cités de l’Est se réuniront, elles aussi, pour former une gigantesque fourmilière, comme des signes avant-coureurs le laissent déjà prévoir. [..] une autre conséquence de ce développement monstrueux des villes a été de leur faire perdre leur âme ; chacune de ces grandes agglomérations ne peut, et ne pourra jamais plus dans sa forme présente constituer une communauté humaine, ou même un agrégat5 de communautés [..].La cité comme le village sont déséquilibrés et ont perdu leur qualités d’organismes urbains cohérents .L a vie des citadins a donc cessé de devenir une vie communautaire, ce qu’elle fut pendant des siècles, pour devenir une vie en commun, puis une existence concentrationnaire6. Cette évolution a les plus graves répercussions7 sociales.
Le gigantisme des villes a de plus déterminé la nature même de l’habitat urbain. Les hommes ont dorénavant à choisir entre un encasernement8 dans des « boîtes à loger »ou l’hébergement dans de petites maisons individuelles implantées de plus en plus loin de leur lieu de travail, ce qui implique chaque jour des pertes de temps considérables, sans compter la fatigue physique et nerveuse.[..] L’atmosphère physique des villes est tout aussi mauvaise. Les pollutions atmosphériques, le bruit de la rue, de l’atelier et des habitants, la vie