La violation
Les questions liées au besoin de «refonder» l’Etat par l’application rigoureuse des principes de bonne gouvernance, développées à travers «Les cahiers du Forum civil», laissent apparaître la prééminence de fait d’une culture du grand écart. Avec l’exemple du scandale des «Chantiers de Thiès», dont le coût financier passé par pertes et profits n’est même plus estimable du fait de la confusion entretenue par ses protagonistes, une question fondamentale s’impose : «Avons-nous, dans ce pays, des procédures qui permettent de gérer des projets de (cette) importance, dans la plus grande transparence et, surtout, dans l’intérêt des populations», s’interroge l’architecte Jean-Charles Tall. La réponse suggérée est sans doute «oui», mais alors «comment (…) est-il possible qu’un Premier ministre qui, dans l’organisation institutionnelle du pays n’est pas gestionnaire des comptes de l’Etat, puisse dépenser autant d’argent sans que personne -y compris le Président de la République qui l’a nommé et dont il dépend- n’ait été informé à temps de ses (présumés) agissements ?» C’est ce «dysfonctionnement grave», plus que les sommes supposées détournées, qui est «inquiétant» pour les institutions de la République.
Au cœur de ce dérapage, le Forum civil pointe du doigt le Projet de construction et de réhabilitation du patrimoine de l’Etat (PCRPE) en tant qu’outil «de financement politique» et «maillon essentiel de la chaîne d’enrichissement de certains proches du régime en place» sous le régime d’Abdou Diouf. Et, en dépit des promesses de l’alternance démocratique de mars 2000, rien n’a changé sous le magistère d’Abdoulaye Wade. Avec «la multiplication des centres de décision» et la «confusion» des