La violence de l'amour dans les tragédies de racine
LA VIOLENCE DE L’AMOUR DANS LES TRAGEDIES DE RACINE
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Jean Racine, Andromaque (1667)
➔ Objectif : comprendre les enjeux d’un dilemme tragique.
Lecture analytique
Un monologue délibératif
1. Hermione éprouve deux sentiments contradictoires, l’amour et la haine envers Pyrrhus, qui a rompu son engagement. Cette contradiction est exprimée au vers 4 par l’antithèse : « Ah ! ne puis-je savoir si j’aime, ou si je hais ! »
2. Les nombreuses questions rhétoriques des quatre premiers vers traduisent l’égarement d’Hermione. 3. Hermione, pour justifier le meurtre de Pyrrhus, souligne la cruauté (v. 5) de celui-ci, ainsi que son arrogance, puisqu’il « pense voir en pleurs dissiper cet orage » et juge son amante
« toujours faible et d’un coeur incertain » (v. 19), sans se douter du dessein de celle-ci. Enfin,
Pyrrhus mérite la mort pour son ingratitude (v. 25) envers cette femme qui l’a aimé.
Cependant, Hermione n’est pas maîtresse de cette situation : elle est « forcée » (v. 28) par
Pyrrhus à vouloir la mort de celui-ci. Son amour pourtant n’a pas disparu, Hermione rappelle les obstacles qu’elle a traversés pour le rejoindre afin de l’épouser (v. 31-36). Elle doit donc résoudre un dilemme, exprimé par la question rhétorique du vers 30 : « Sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ? » Faut-il tuer l’homme qu’elle aime encore ? La fin du monologue exprime un revirement : en s’exclamant « Ah ! devant qu’il expire… », Hermione semble vouloir prévenir le meurtre de Pyrrhus, qu’elle a pourtant ordonné, contrairement à ce qu’elle dit au vers 15 :
« N on, ne révoquons point l’arrêt de mon courroux. »
Un désespoir tragique
4. La jalousie d’Hermione prend la forme du dépit amoureux, exprimé par de nombreuses phrases interrogatives et exclamatives. On peut relever plusieurs interjections exprimant l’indignation et la colère : « Ah ! » (v. 4) ou « Hé quoi