La vérité
• Bien que la période de la Terreur n'en donne pas l'impression, la Révolution française a été fortement marquée par les protestations de Lumières (Montesquieu, Rousseau, Voltaire, les Encyclopédistes et surtout Beccaria) contre l'arbitraire et l'inutile cruauté de la législation pénale d'Ancien Régime. • C'est pourquoi le Code criminel de 1791 établit la privation de liberté comme peine de droit commun (la plus cruelle des peines pour un citoyen libre), mais en lui ajoutant la peine de mort (humanisée par la Guillotine égalitaire : les nobles ne seront plus les seuls à être décapités), d'autres peines physiques (travaux forcés dans les prisons, les ponts et arsenaux, les mines ou l'assèchement des marais), des peines politiques (déportation) ou/et infamantes (dégradation civique). L'idée d'amendement ou de rééducation apparaîtra, au moins dans le vocabulaire, avec le Code pénal napoléonien de 1810 qui faisait référence à des peines correctionnelles. • Faire de la prison, la peine de droit commun, entraînait des conséquences matérielles (locaux) et doctrinales (politique pénitentiaire), les deux catégories d'interrogations étant d'ailleurs liées. Un décret de 1810 avait transféré à l'Etat un capital immobilier fait d'hôpitaux, d'hospices, d'abbayes et de couvents, confisqués par la Révolution et destinés à être transformés en prisons. Le résultat fut catastrophique. Ne pouvant faire autre chose que concentrer tous les prisonniers dans d'immenses salles communes les récidivistes pervertissaient les délinquants primaires, voire des enfants relevant d'une institution correctionnelle. • Compte tenu du phénomène déjà signalé (gens "distingués" ayant connu la prison pour des raisons politiques) la Restauration institutionnalisa un fort mouvement de réflexion sur la politique pénitentiaire en créant, en 1818, une Société royale des prisons. En 1831, elle envoya Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont