Laclos/frears : « ce n’est pas ma faute »
I- Une scène de rupture
Ce passage met fin aux relations entre Valmont et Tourvel. De fait, par la lettre, il lui signifie clairement qu’il ne désire plus la voir. De plus, le fait de scander son discours de la sorte montre bien que le dialogue est rompu. Dans le film, ceci est augmenté puisque non seulement Valmont le ressasse à Tourvel mais il joint aussi les gestes à la parole, faisant preuve d’une extrême violence au point de la tirer par les cheveux.
II- Un personnage en conflit avec lui-même
Pour autant, ce passage nous révèle à quel point il y a eu un changement chez Valmont. En effet, lorsqu’il rompt avec Tourvel, ce n’est plus selon son bon plaisir mais simplement dans la perspective de voir son pacte honoré. Or, lorsqu’il va réclamer sa récompense, il en profite pour dire que ce qu’il y aurait de plus exemplaire serait de renouer avec Tourvel après lui avoir fait subir une telle humiliation. On peut penser alors qu’il regrette la fin d’une relation qui lui a permis de connaître l’amour vrai. Ceci est corroboré par les mots qu’il emploie dans ses lettres pour décrire sa relation avec sa belle dévote, mots qui semblent sincères et qui ne sont pas sans passer inaperçus du côté de Merteuil. Ce parti-pris est aussi celui de Frears. Lors de la scène de rupture, on assiste à une sorte de dédoublement de personnalité via le miroir du salon de Tourvel. Effectivement, Valmont hésite en rentrant puis, après s’être jeté aux pieds de sa victime, il se redresse et compose son personnage. Ainsi, ce n’est plus le Valmont amoureux mais le reflet du Valmont libertin qui s’exprime dans toute la séquence. Quant à sa souffrance, elle est bien réelle puisque, une fois la porte passée, symbole d’une autre frontière, il s’adosse à celle-ci pour ensuite se diriger d’un pas vengeur