Larme rimbaud
Seul
Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
c'est-à-dire dans le silence, dans ce qui est hors du temps des "troupeaux", l'ordre des journées et des habitudes "villageoises", qu'elles soient féminines ou non.
Ce premier vers du poème Larme d'Arthur Rimbaud semble le premier vers d'une chanson : rythme régulier et rime interne.
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d'après-midi tiède et vert.
Seul, picolant, - ce qui n'est pas étonnant -, Rimbaud adolescent aimait à boire (cf les célèbres croquis parisiens où l'on voit Arthur attablé devant une bouteille de Porter, la pipe à la main et l'air plus ivre que son bateau) ; seul, picolant, le poète dissimulé, enfui dans la "bruyère" et les "tendres bois de noisetiers", dans le "brouillard", caché, "accroupi", accroupi et buvant, - connaissant les moeurs du bonhomme, on pourrait se demander s'il n'y a pas là une allusion érotique : dans Une Saison en enfer, le poème est repris avec quelques variantes : Que buvais-je, à genoux dans cette jeune Oise ? "Que buvais-je...?" On se le demande. - L'allusion semble si évidente qu'elle sonne faux comme si Rimbaud jouait sa dérision et puis, le poète est seul, s'est isolé, alors...
Dans le silence - pas d'oiseaux dans cette campagne ! -, et dans la tièdeur de l'après-midi qui engourdit tout, dans le vert d'un tableau, Rimbaud boit.
Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
On dirait bien qu'il est atteint du syndrome de Stendhal, l'Arthur et que le voilà se projetant dans un tableau, une toile peinte "d'ormeaux sans voix" et de "gazon sans fleurs" sous le "ciel couvert" d'un décor de théâtre :
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans