Laure Gauthier et Mélanie Traversier (dir.), Mélodies urbaines. La musique dans les villes d’Europe (XVIe-XIXe siècle), Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2008, 360p., ISBN 978-2-84050-563-1, 32 euros. Depuis une dizaine d’années, les recherches sur le paysage sonore des villes européennes à l’époque médiévale et moderne deviennent de plus en plus nombreuses1. Elles sont servies par un double mouvement méthodologique qui transforme actuellement en profondeur, dans ce domaine comme dans bien d’autres, les pratiques de l’histoire. Le premier est une tendance générale à la valorisation de la pratique de l’interdisciplinarité. Dans ce cas précis, elle permet une intensification des collaborations, jusque-là très normées, entre les historiens, qui apprennent progressivement à dépasser leurs réticences devant les formes de l’expression non écrite (et auxquelles leur formation ne les familiarise guère) et les musicologues, qui ne se sentent plus voués à la célébration des grands compositeurs ou à l’analyse esthétique des oeuvres. Le développement dans les pays anglophones, au cours des années 1990, de la new musicology, qui suggérait, un peu à la manière des new historicists en littérature ou des tenants de la New Art History, de traiter les œuvres comme des productions historiques et, donc, de les étudier dans leur contexte social et culturel, a déclenché un ensemble de recherches qui se sont finalement rapprochées de celles menées en France, en Italie, ou en Allemagne, où il a toujours existé une puissante tradition d’histoire de la musique et de ses institutions, souvent d’inspiration érudite. Le second mouvement est justement la volonté de la part des chercheurs de situer systématiquement leurs travaux dans une perspective européenne et, dans certains cas, comparatiste. Cette approche est féconde par la fertilisation des problématiques et la confrontation des résutats qu’elle permet, et elle est, de surcroît, en phase avec les objectifs généraux de la