Le baroque
Bien que lié dès l'origine à la contre-réforme, le mouvement littéraire baroque trouve une sphère d'influence plus large, notamment en France. On distingue d’un côté les écrivains protestants comme Théodore Agrippa d'Aubigné et de l'autre les écrivains catholiques comme Honoré d'Urfé et Pierre Corneille ou encore ceux qui se reconvertissent tels Jean de Sponde et Théophile de Viau. En Espagne, le courant baroque est représenté entre autres par Pedro Calderón de la Barca et Lope de Vega. Andreas Gryphius et Martin Opitz sont ses représentants les plus illustres en Allemagne, comme Giambattista Marino en Italie (son nom a d'ailleurs donné naissance au terme de « marinisme »). En Angleterre, on peut déceler son influence dans certaines pièces de William Shakespeare, tant sur le plan thématique que formel.
Mais si le style baroque fut réputé de son temps, on ne le redécouvrit que vers la fin de la Seconde Guerre mondiale pour l’art, et dans les années 1930 pour la littérature, avec le livre d'Eugenio d'Ors, Du baroque1, puis dans son sillage avec les travaux de nombreux historiens de la littérature2 comme ceux de Jean Rousset dans les années 19503.
Le baroque émerge dans une période de crise (en l'occurrence, les guerres de religion) et prend place dans une époque métamorphosée par les grandes découvertes (les Amériques), le progrès technique (l'invention de la boussole). Cette époque est aussi bouleversée par la finalité de certaines études scientifiques : celles entre autres de Nicolas Copernic et de Galilée qui prouvent que la terre n'est pas au centre de l'univers. Le mouvement baroque s’oppose au classicisme. Pour utiliser des concepts nietzschéeens, on pourrait assimiler le baroque à un élan « dionysiaque » (lié à l'instable, à l'excès, à l'expression des sensations), opposé au mouvement « apollinien » (tourné vers le rationnel, l'intellect, l'ordre,