On a longtemps méprisé les écrivains qui, entre la Pléiade et la première moitié du XVIIe siècle, sont restésétrangers à l’élaboration de l’idéal classique. On les traitait encore récemment d’«attardés ou égarés».Leur redécouverte a permis de déterminer chez ces auteurs indépendants certains traits communs. C’est en ce sens qu’on a pu les qualifier de «baroques», terme réservé initialement aux arts plastiques jusqu’au début du XVIIIe siècle. DÉFINITION : LE MOT ET L'ESPRIT BAROQUES * A CETTE ÉPOQUE : le mot baroque (barroco en portugais) est un terme de jouaillerie pour désigner une perle irrégulière. * AUJOURD’HUI : dans le vocabulaire courant, le mot baroque évoque aussitôt quelque chose de péjoratif : «bizarre, choquant, biscornu, étrange, excentrique, insolite, irrégulier» (le Robert). Et les mots «maniérisme» et «roccoco» qu’on lui associe renvoient toujours à des défauts. Ce sont ces défauts qui, en un sens, sont aujourd’hui les qualités des oeuvres baroques ! * L’ESPRIT BAROQUE EN LITTÉRATURE : le baroque est caractérisé par l’exubérance de l’imagination et du style : comme l’architecture baroque fuit la ligne droite (ex. les colonnes torses), de même, la littérature baroque est un art du mouvement qui s’ingénie à surprendre le lecteur par ses enchaînements d’images, par le goût des contrastes et des jeux sur les mots, par des visions souvent symboliques aux couleurs violentes, horribles ou au contraire idylliques, par la métamorphose des formes (ex. au théâtre, goût des pièces à machines). C’est le règne de l’inattendu (ex. apparition au théâtre du personnage de Don Juan), des jeux de miroirs, du chatoiement des surfaces (celles des éléments : eaux, neige, glace, nuages - celles des bêtes : papillons, oiseaux), de l’attirance pour l’ostentation (ex. le héros cornélien).Cette originalité des artistes se manifeste par un souci moindre des auteurs anciens, par une plus grande indépendance de pensée : pour certains, tentation du «libertinage»