Le bon usage de la raison
A travers cet extrait, Descartes aborde le thème de la raison et de la spécificité de l’homme. Il s’efforce de résoudre le problème de savoir comment les hommes peuvent soutenir des opinions divergentes alors qu’ils sont tous dotés également de la même raison. L’enjeu de ce texte est la recherche de la vérité. Pour résoudre ce problème, l’auteur soutient la thèse selon laquelle si tout homme est pourvu de raison, tous ne conduisent pas cette faculté avec la même correction ou avec la même efficacité. Mais comme Descartes distingue la possession universelle de la raison (c'est-à-dire commune à tous les hommes) de l'usage singulier que chaque homme peut en faire, on peut se demander s’il suffit d’être doué de raison pour atteindre la vérité.
* Tous les hommes sont pourvus de raison ou du moins, au début du texte, « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Mais quelle forme prend ce partage ? S’agit-il d’une simple égalité ou s’agit-il d’une distribution équitable du bon sens à chacun selon sa nature ou ses besoins ? La suite du texte permettra de répondre à ce questionnement. Pour défendre cette idée et la préciser, Descartes propose un argument comme l’indique la conjonction de coordination "car". L’argument invoqué par l’auteur est que personne ne se plaint de ne pas posséder assez de bon sens, même les gens d’ordinaire les plus exigeants. Ainsi, Descartes utilise l’ironie mais son argument reste limiter puisqu’il repose sur l'opinion des gens et non sur une réflexion argumentée. Il y a ici la volonté de choquer le lecteur. Descartes analyse néanmoins cette opinion (« En quoi… ») : L’opinion de chacun d'être pourvu de raison est si unanimement partagée que tous ne peuvent pas se tromper. L'accord de tous sur ce point est ici utilisé par Descartes comme un critère de vérité de cette opinion mais cet argument n'énonce qu'un fait "vraisemblable", c'est-à-dire semblable au vrai mais