Le bonheur de courire........
L'anthropologie est la réponse occidentale à un des grands paradoxes de la modernité : tandis que le monde devient de plus en plus petit, et de plus en plus intégré, notre connaissance du monde est de plus en plus atomique et dispersée. Comme l'observaient Karl Marx et Friedrich Engels dans les années 1840 : « Toutes les industries nationales établies de longue date ont été détruites, ou sont en cours de destruction. Elles sont chassées par de nouvelles industries, dont la mise en place devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, des industries qui ne travaillent pas à partir de la matière première locale, mais à partir de matière première venant de zones éloignées, des industries dont la production est consommée non seulement localement, mais également aux quatre coins du globe. À la place des anciens besoins, satisfaits par la production nationale, nous trouvons de nouveaux besoins, nécessitant des produits fabriqués dans d'autres pays, sous d'autres climats. En remplacement de notre ancien isolement local et national, et de notre auto-suffisance, nous avons des communications dans toutes les directions, l'interdépendance universelle des nations. »
Ironiquement, cette interdépendance universelle, plutôt que d'apporter une plus grande solidarité entre les humains, a coïncidé avec un accroissement des divisions, entrainant parfois des crimes contre l'humanité et des génocides, parmi les races, les ethnies, les religions et les classes sociales, et l'avènement de nouvelles - et pour certains embarrassantes voire dérangeantes - formes de sexualité et d'une nouvelle notion du genre humain. Telles sont les conditions de vie dont nous devons nous contenter aujourd'hui, mais elles ont leurs origines dans des processus qui débutèrent dès le XVIe siècle, et s'accélérèrent au XIXe