Le bonheur est il une question de chance?
L’expression « affaire de » est intéressante pour analyser le sens de cet intitulé. Elle peut simplement signifier question comme dans l’expression « c’est une affaire de mœurs ». L’intitulé deviendrait alors « Le bonheur est-il (une) question de chance ? » ; ici l’accent serait placé sur la chance qui pourrait ou non se manifester pour des raisons qui ne proviendraient pas, directement et de façon causale, de l’action d’un être. La personne qui deviendrait heureuse en rencontrant la chance serait, en quelque sorte, étrangère à sa survenue ; elle ne serait pas provoquée par son action. Ainsi, le problème porterait sur la part qui reviendrait à la personne dans l’advenue du bonheur et si l’affaire du bonheur, c’était la chance, ne peut-on pas dire que le sujet n’y serait pour rien. Le bonheur surgirait indépendamment d’une volonté, d’une action, d’un comportement qui le provoque. Mais alors, cette modalité d’advenue n’est-elle pas profondément irrationnelle, puisque surgissant sans raison ?
On voit l’enjeu anthropologique de cette question : si l’on dit que l’homme construit son être par sa volonté, ses choix, sa liberté, la survenue du bonheur n’est-elle pas la négation même d’une telle conception ? N’y a-t-il pas un paradoxe insurmontable à affirmer que le but suprême pour la plupart des hommes, à savoir le bonheur, n’aurait aucun rapport avec ce que ces mêmes hommes font dans leur existence ? A quoi bon agir si le but que nous poursuivons peut apparaître ou ne pas apparaître indépendamment de tout ce que nous pouvons faire ? Ne sommes-nous pas condamnés à une passivité fondamentale ?
Un bon heur (bonne rencontre) qui est un heur malheureux ? La chance ne peut-elle pas être mal-heureuse ?
Bonheur vient du