Le bonheur existe ...
Or au retour de vacances familiales, il avait été profondément déstabilisé par un aveu pour le moins malencontreux de son épouse ; elle lui avait avoué l’avoir trompé pendant plusieurs années avec un collègue de travail.
Pierre n’avait pas envisagé un seul instant de rompre cette union mais il s’était trouvé bouleversé par cette révélation au point d’avoir changé de signature sans s’en rendre compte dans les jours qui avaient suivi, ce qui témoignait de l’impact de cette nouvelle sur l’organisation de sa personnalité. Pierre avait toujours été un homme de devoir ayant intériorisé une image de famille idéale à laquelle il avait toujours adhérée.
Pendant les premières séances, Pierre avait parlé de son épouse, de leur relation, des vagues soupçons vite écartés qu’il avait eus à l’époque et surtout de son immense déception qui l’entraînait dans la spirale d’une dépression réactionnelle.
Pierre, encouragé par mon écoute, me révéla alors qu’il avait été submergé quelques jours après le choc affectif par une sensation totalement inconnue : il marchait dans la forêt et tout d’un coup, il s’était senti sans limites corporelles comme s’il s’était dilué dans le monde extérieur ; il était dans les arbres qu’il voyait, dans les fleurs qu’il regardait, dans le bruissement des feuilles, dans l’oiseau qui s’envolait ou dans les personnes qu’il croisait ; il n’éprouvait aucune crainte ; il ne faisait qu’un avec tout ce qui l’entourait dans une paix extraordinaire ; c’était le bonheur absolu. Cet état avait duré plusieurs heures avant de disparaître aussi rapidement qu’il était apparu.
C’est avec nostalgie que Pierre évoquait ces moments intenses ; il aurait voulu qu’ils durent pour l’éternité ; c’était une sorte