Le bonheur paradoxal
Introduction :
Gilles Lipovetsky est professeur agrégé de philosophie à l'université de Grenoble. Il est également membre du Conseil d'Analyse de la Société et consultant de l'Association Progrès du Management. Dans ses précédents ouvrages, il analyse la société post-moderne et l'essor de l'hyperindividualisme comme dans L'Ere du vide (1985), L'Empire de l'éphémère : la mode et son destin dans les sociétés modernes, Métamorphoses de la culture libérale (2002) ou Les Temps hypermodernes (2004). Le Bonheur paradoxal, publié en 2006 et centré sur l'analyse de la société d'hyperconsommation, est donc dans la continuité de cette réflexion. Le Bonheur paradoxal est divisé en deux partie : dans la première, l'auteur présente les deux premières phases du capitalisme de consommation, puis expose les caractéristiques de la troisième qui n'est autre que la société d'hyperconsommation ; dans la deuxième partie, il reprend les principales lectures de la société d'hyperconsommation représentées par cinq idéal-types qu'il expose et critique tour à tour, afin d'écarter tous les préjugés couramment formulés contre la société actuelle. Nous reprendrons donc les parties de l'auteur et tacherons d'en extraire la substantifique moelle.
I/ Première partie
a) Les 2 premières phases du capitalisme de consommation
Depuis la fin du 19ème siècle, et de manière croissance, nous vivons dans une société qui peut être caractérisée par ses modes de consommation au point de parler de "société de consommation". On se souvient de l'ouvrage de Jean Baudrillard (1970) qui portait justement ce titre.
Utilisant le recul de plus de cent ans dont nous disposons aujourd'hui, l'auteur dégage trois phases dans la marche vers la société de consommation. La première court des années 1880 pour s'arrêter avec la Seconde Guerre mondiale. Les marchés nationaux se constituent grâce au développement des réseaux de transport et de communication