Le brouillage
- Les sociétés humaines ont toujours fonctionné en séparant les sexes, mais aussi les différents âges. Les frontières des « Âges de la vie » ont bien sûr évolué dans le temps et dans l’espace. Ainsi, l’historien médiéviste Philippe Ariès, dans L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, 1960, montre que ce n’est que tardivement que les hommes ont pris conscience de la spécificité de l’enfance.
- Des rites de passage marquaient le passage d’un âge à l’autre. Par exemple, le service militaire marquait le passage d’un jeune homme à l’âge adulte. De tels rites tendent à disparaître. Le sociologue Olivier Galland a montré combien l’entrée dans l’âge adulte était progressive et accompagnée de retour en arrière, du fait de la précarité de la société actuelle. Cette période dure en moyenne quinze ans.
- L’obsession de la jeunesse a imprégné les mentalités. Passé un certain âge, les employés sont menacés de licenciement, car ils sont jugés peu performants. Les « soixante-huitards » essaient de garder une allure jeune. Inversement, les enfants imitent leurs aînés. Il semble que la société entière veuille avoir entre 18 et 35 ans. Mais une telle uniformisation n’est-elle pas dangereuse? Celle-ci risque de conduire à l’exclusion des personnes vieillissantes. Nous serions alors dans une situation semblable à celle de la nouvelle de Buzzati « Chasseurs de vieux », où les plus jeunes attaquent les plus âgés. Inversement, des enfants trop précoces sont exposés à des dangers.