Le ca de freud
« Dans le ça, rien qui puisse être comparé à la négation ; on constate non sans surprise que le postulat, cher aux philosophes, suivant lequel l’espace et le temps sont des formes obligatoires de nos actes psychiques, se trouve là en défaut. Dans le ça, rien qui corresponde au concept du temps, pas d’indice de l’écoulement du temps et, chose extrêmement surprenante, et qui demande à être étudiée au point de vue philosophique, pas de modification du processus psychique au cours du temps. Les désirs qui n’ont jamais surgi hors du ça, de même que les impressions qui y sont restées enfouies par suite du refoulement, sont virtuellement impérissables et se retrouvent, tels qu’ils étaient, au bout de longues années. Seul, le travail analytique, en les rendant conscients, peut parvenir à les situer dans le passé et à les priver de leur charge énergétique ; c’est justement de ce résultat que dépend, en partie, l’effet thérapeutique du traitement analytique » [3].
À côté de la folle correspondance épistolaire d’un Groddeck débordant d’imagination, décrivant le Ça comme un véritable monstre psychique, l’article de Freud peut paraître, en première approche, par trop sérieux ou hésitant. Groddeck le sait déjà, et écrit au tout début de sa troisième lettre :
« Tout ce qui vous paraîtra raisonnable ou seulement un peu insolite provient directement du professeur Freud, de Vienne, et de ses disciples ; ce qui vous semblera complètement insensé, j’en revendique la paternité » (Groddeck, p. 31).