Le cadre-peau
Et si le cadre, loin d’être le cerveau d’une équipe soignante (car nous laisserons ce rôle à de plus doctes) se présentait plutôt, entre rêverie et pensée, comme sa peau ? Et si sa fonction n’était pas celle du « cadrage » mais plutôt celle d’une « enveloppe d’équipe », conjuguant souplesse, adaptabilité et sensibilité, un peu comme une peau, qui n’est pas le tout du corps, mais qui en marque la frontière et l’unité par une barrière sensible tout autant à ce qui se passe au dedans qu’à ce qui se reçoit de l’extérieur ?
C’est à partir de ces question et à l’aune de l’image d’un cadre-peau que se fait le lien avec le concept de Moi-peau [1] énoncé avec intelligence et sensibilité par un de nos grands psychanalystes, Didier Anzieu.
Le Moi-peau est décrit comme une expérience psychique intermédiaire entre le physiologique de la peau, organe limitant, contenant et protecteur, et l’expérience psychique subjective qui permet à chacun de se sentir et de se penser comme différencié et autonome. Le passage de l’un à l’autre se constituerait de l’intégration progressive de la relation du bébé à sa mère (ou à ses substituts) dans laquelle la peau ferait office de surface de contact et de délimitation, en assurant les fonctions de contenance, d’interface et de communication.
Anzieu précise que le Moi-peau est une figuration, une « vaste métaphore », avant d’être un concept. Et c’est cet usage métaphorique de l’image du cadre-peau d’équipe qui va nous intéresser. C’est une lecture des fonctions du cadre de santé à travers cette analyse des fonctions de la peau et du psychisme qui va nous permettre d’examiner cette représentation de la fonction cadre. C’est donc à une réflexion sur la contenance (à laquelle Anzieu associe la fonction de maintenance), l’interface et la communication que je vous invite maintenant.
La fonction de contenance
La peau est, au sens plein du terme, l’enveloppe corporelle,