Le cas de meursault dans l'étranger
Mais Meursault est l’étranger. Étranger au monde. Ce modeste employé de bureau paraît insensible et passif. Il semble vivre dans l’instant. Pour lui, l’amour ne veut rien dire, il le dit tout bonnement à Marie, et le mariage, moins encore. Pour une mère, ou pour tout autre femme, il n’a guère d’amour à donner. Peut-être même Meursault est-il étranger à soi-même. Il ne songe guère à se défendre, et l’engrenage judiciaire s’enclenche et le broie sans qu’il semble aucunement incommodé, peut-être un peu étonné, voilà tout. C’est un anti-héros. Une conscience vide et nulle.
Mais c’est par là peut-être qu’il faut comprendre ce héros malgré tout. Camus écrit à son propos : « Meursault pour moi n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace, l’anime, la passion de l’absolu et de la vérité. Il s’agit d’une vérité encore négative, la vérité d’être et de sentir, mais sans laquelle nulle conquête sur soi et sur le monde ne sera jamais possible. On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L’Étranger l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. »
Il faudrait donc voir dans Meursault une anticipation de l’homme révolté, dans la mesure où, face à la société, il refuse de jouer la comédie du repentir ou de la tendresse filiale qu’il n’éprouve pas vraiment : c’est pourquoi on le condamne finalement. Et il finit