Le chemin des amours barbares de jean pierre poly
Bibliographie:
La Provence et la société féodale 879-1166, Bordas, Paris, 1976 avec E. Bournazel, La mutation féodale Xe-XIIe siècle, PUF, Nouvelle Clio, Paris, 1980. avec E. Bournazel, Les féodalités, PUF, Paris, 1998.
Le Chemin des amours barbares : genèse médiévale de la sexualité européenne, Perrin, Paris, 2003.
LE CHEMIN DES AMOURS BARBARES. Genèse médiévale de la sexualité européenne.
Ouverture: Littérature masculine, souvent cléricale, produit d'un groupe social dont la culture s'est bâtie sur l'hostilité délibérée envers la sexualité: période de repoussoir dans les écrits, pas de descriptions, on ne parle du sexe que pour le dénigrer. Puis on avance vers la Renaissance et après les 6 siècles d'hostilité envers la sexualité, naît la fin'amor, le minnesang: un Moyen Âge de suavité qui anticipe sur ce qui va venir dans la Renaissance.
Au XIIe, l'Eglise fixe pour longtemps le canon des unions légitimes.
I/ Là où l'amour se cherche et ne se trouve pas
Point de départ de l'union des sexes dans l'Europe médiévale: les noces romaines dans l'Empire finissant. A Rome : in-cestus = ce qui rompt l'état de castitas (= pureté); au sens large, il désigne les « impuretés » comme l'adultère, l'homosexualité ou l'inceste (le + grave). Ce dernier n'était pas puni en tant que tel par la société, non parce qu'on l'admettait mais au contraire parce qu'il était si horrible qu'on préférait ne pas en parler. Il était important d'avoir un « mariage juste », le conubium (= qui obéit aux règles du mariage citoyen) qui lui seul permettait d'avoir des enfants légitimes.
Chez les Romains, le mariage était charnel, mais pas trop, et résultait d'un consentement explicite. Le mariage doit répondre aux droits