Le chêne et le roseau
Le Chêne et le Roseau
Fables, Livre I, XXII (1668).
ORGANISATION DES REMARQUES I/ L'art du récit : a- l'enjeu dramatique : - la composition de la fable (dialogue puis récit) obéit à un schéma narratif classique (élément perturbateur : le vent, dont le thème domine toute la fable). La placidité du Roseau (attendons la fin) crée la tension dramatique. - la double énonciation prépare aussi le lecteur : pesante argumentation du Chêne (mots de liaison) brossant un personnage dont on ne peut qu'attendre la punition. b- les rythmes : - le jeu sur les rythmes trouve une valeur narrative dès le vers 24 : les coupes de l'alexandrin suggèrent la soudaineté, la violence ou l'effort (vers 29-30); la césure de l'octosyllabe (vers 28) maintient dans l'incertitude du dénouement. L'ampleur majestueuse de l'alexandrin suggère le caractère mythologique de la Justice (vers 27) et la force de la leçon (vers 31-32). c- les temps : - valeur des temps : le passé simple est uniquement déclaratif (vers 1, 18), l'imparfait n'intervient qu'au dénouement pour témoigner d'une grandeur disparue. Le présent de narration domine donc le texte : valeur générale et mythologique de l'apologue, mais surtout durée d'une action dont le narrateur laisse planer l'incertitude du dénouement (vers 28). Le présent accentue aussi la violence ou l'effort de l'action (vers 29-30). - le temps du mythe : le présent (un jour). Une fable sans moralité car, comme dans le mythe, la leçon se tire d'elle-même. Le récit prend donc la dimension morale d'un apologue. II/ L'observation psychologique :
a- peinture des caractères : - orgueil, majesté du Chêne (rythmes, vocabulaire, pronoms personnels, comparaisons, parallélismes), à quoi répondent la simplicité, le réalisme du Roseau (sobriété des formules, concision, sous-entendus). - utilisation très soignée, souvent imitative, des différents types de vers : l'alexandrin solennel du Chêne (vers 7, 16) fige le personnage dans son