Le cid de corneille
"Mon sang un peu trop chaud s'est trop ému d'un mot et l'a porté trop haut", avoue-t-il à l'envoyé du roi venu le sermonner (II, 1). une difficile rencontre!
Mais il n'est pas question pour lui de le reconnaître officiellement, de faire un pas vers Don Diègue, encore moins de s'excuser. L'affaire est close, il va rentrer chez lui à larges enjambées, et oublier au plus vite cet épisode peu glorieux.
A ce moment-là (II, 2): "A moi, Comte, deux mots".
Qui diable peut l'interpeller aussi cavalièrement? Aïe! c'est le petit Rodrigue!
S'il y a quelqu'un que le comte ne souhaite pas rencontrer en ce moment, c'est bien le fils de Don Diègue. Pourtant, impossible de l'éviter. Il va se débarrasser de lui sans traîner, en répondant aussi brièvement, aussi froidement qu'il le pourra.
Quels sont, en face de lui, les intentions et les sentiments de notre jeune ami? Nous le savons "gonflé à bloc" et décidé à obtenir réparation coûte que coûte. Il doit absolument empêcher le comte de "filer", d'où cette vive interpellation, qu'il n'aurait jamais osée avant cette affaire. Il doit l'arrêter, éveiller son intérêt et l'engager dans une explication sérieuse, qui normalement l'amènera à accepter le duel.
Nous allons donc assister aux efforts opposés des deux personnages, l'un s'efforçant d'esquiver une conversation à laquelle l'autre tient, et dans un but précis.
Voilà l'occasion de remarquer qu'une vraie scène dramatique, dans le théâtre classique, c'est une lutte entre des intérêts divergents. Les confidences, les récits, qui ne font pas avancer l'action, mais sont nécessaires pour notre information, ne sont pas dramatiques (drama= action, en Grec).
Le comte toise le garçon et laisse tomber un "parle" si majestueux qu'il devrait suffire à l'intimider. Mais, au lieu de se laisser démonter, celui-ci va se permettre de tutoyer le grand personnage:
"ôte-moi d'un doute... connais-tu...
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