Le cid
Rodrigue
Jeune guerrier courageux, Rodrigue est doué d’une âme noble, de hautes qualités morales et d’un caractère chevaleresque. Il en fait preuve dans le combat avec le comte :
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées,
La valeur n’attend point le nombre des années.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
A qui venge son père, il n’est rien d’impossible,
Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.
Rodrigue est un général habile, courageux et rusé dans le combat avec les Maures. Vis-à-vis de son père il se montre bon fils, dévoué. Pour Chimène, il est un fiancé délicat et l’amour qu’il éprouve pour elle est constant, malgré tous les obstacles qui s’y opposent. Son héroïsme ressort de l’attitude qu’il garde dans le conflit moral. Il se trouve placé entre l’amour pour Chimène et le devoir de venger l’honneur de sa famille gravement compromise par le père de sa fiancée, à cause de l’outrage fait à Don Diègue. Dans une lutte terrible, qui se livre dans un coeur déchiré par la douleur, il étouffe, avec un grand héroïsme, son amour, parce que cette passion l’empêcherait de faire son devoir. Un tel effort de volonté de la part du héros, un tel sacrifice provoque notre admiration. L’amour entre Rodrigue et Chimène est basé sur l’estime, et Rodrigue serait méprisé par Chimène s’il négligeait son devoir. Par conséquent, Rodrigue tue le comte pour faire son devoir, mais aussi pour garder l’estime de Chimène.
Rodrigue inspire aux spectateurs des sentiments d’estime et de sympathie.
Gérard Philippe profita de l'enseignement de Georges le Roy au Conservatoire : " Il m'apprit [...] à me tenir droit, le jarret tendu, face à la vie, comme un homme bien portant. C'est sans doute grâce à lui que j'ai pu dire, plus tard, les stances [du Cid]." [Claude Roy, Gérard Philippe, Souvenirs et témoignages recueillis par Anne Philipe et présentés par C. Roy, coll. L'Air du temps, Paris, Gallimard, 1960, p.36.