Le cinema ou l'homme imaginaire
Le cinéma est psychique, a dit Jean Epstein. Ses salles sont de véritables laboratoires mentaux où se concrétise un psychisme collectif à partir d’un faisceau lumineux. L’esprit du spectateur effectue sans discontinuer un formidable travail sans lequel le film ne serait rien qu’un mouvement brownien sur écran, ou tout au plus un battement de vingt-quatre images-seconde. A partir de ce tourbillon de lueurs, deux dynamismes, deux systèmes de participation, celui de l’écran et celui du spectateur s’échangent, se déversent l’un dans l’autre, se complètent, se rejoignent en un dynamisme unique. Le film est ce moment où deux psychismes, celui incorporé dans la pellicule, et celui du spectateur se joignent. « L’écran est ce lieu où la pensée actrice et la pensée spectatrice se rencontrent et prennent l’aspect matériel d’être un acte » (Epstein).
Cette symbiose n’est possible que parce qu’elle unit deux courants de même nature. « L’esprit du spectateur est aussi actif que celui du cinéaste », dit Pierre Francastel, autrement dit il s’agit de la même activité. Et le spectateur qui est tout, n’est