Le cinéma du théâtre en concerve
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Louis Jouvet « Le cinéma c’est du théâtre en conserve » Le cinéma que l’on qualifie couramment en français de septième art est né à la fin du XIXe siècle. C’est un art très récent par rapport au théâtre qui lui est plus que millénaire. Louis Jouvet, grand homme du théâtre -et théoricien de cet art- de la première moitié du XXe siècle avait ces mots manichéens pour qualifier le cinéma, ce genre qui n’était alors qu’à ses débuts : « Le cinéma c’est du théâtre en conserve » disait-il à une époque où le cinéma n’était pas encore populaire. Comme beaucoup d’acteurs de théâtre, il préférait les planches aux plateaux de cinéma et avait également coutume de dire « au théâtre on joue, au cinéma on a joué » ou encore « l’acteur habite un personnage, le comédien est habité par lui ». Louis Jouvet prêchant pour sa paroisse portaient par ces paroles un jugement dépréciatif sur le cinéma. Le terme « conserve » -considéré ici comme péjoratif- employé par ce dernier pour qualifier le cinéma implique une hiérarchie des arts où le cinéma serait inférieur au théâtre. Le cinéma : un sous-art selon Jouvet? Cependant, on constate aisément aujourd’hui la supériorité du cinéma sur le théâtre, pourtant le cinéma ne cesse de renvoyer à des références théâtrales. Au final, ces deux arts en apparence différents ont malgré tout une visée commune. Comment s’explique la popularité -et par conséquent la supériorité qui en découle- du cinéma sur le théâtre de nos jours ? En premier lieu, le facteur culturel et social s’impose : dans notre société occidentale actuelle, tout doit aller vite, nous sommes des hommes continuellement pressés et nous avons de moins en moins le temps de faire les choses nous-mêmes. Par conséquent, les plats en conserve qui nécessitent uniquement d’être réchauffés ont naturellement leur place. Ils sont certes considérés comme des mets de qualité inférieure à des plats préparés car ils ne sont pas frais mais ils n’en restent pas moins appréciés et populaires