le clezio

861 mots 4 pages
Ritournelle de la faim, de J.M.G. Le Clézio
Fiction - 13/12/2010 (807 mots)
Faisons comme si nous n’avions jamais entendu ce nom de famille, Le Clézio, jamais interrogé ces initiales pour un triple prénom qu’on peine à imaginer, JMG, comme si de Clézio nous ne connaissions qu’un village breton, Le Clézio, paroisse de Neulliac, Morbihan, son canal, ses écluses, comme si nous ne savions pas qu’il y a quinze ans les lecteurs d’un magazine infinitif firent de Jean-Marie Gustave Le Clézio « le plus grand écrivain vivant de langue française ».
Faisons comme si, et laissons-nous conter cette Ritournelle de la faim, avec l’appréhension qu’on a de lire accordés deux mots que tout sépare, le fredon répété d’un refrain léger et la tenaille mortelle, la morsure du manque, la douleur muette de crier famine.
L’histoire dit les premiers vingt ans d’une jeune fille, Ethel, 20 ans en 1945, à Paris désoeuvré et à Nice occupée. Elle ne commence qu’après trois pages où l’auteur dit modestement son expérience de la faim et de la joie de l’apaiser, éloge du lait Carnation et du corned-beef. Et elle se termine quelques pages avant la fin du livre, pour laisser à l’auteur, le temps d’un chapitre, « Aujourd’hui », le soin de dire le flou qui sépare la mémoire de l’oubli, de dire qu’Ethel n’est pas sa mère mais lui ressemble Le Clézio est né en 1940, et Ethel ne sera mère que cinq ans plus tard, et de finir après un long silence par cette phrase orpheline : « J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à 20 ans. » Faisons comme si nous ne savions pas que l’île Maurice, qui nimbe de son ombre tout le livre, n’était pas pour peu dans la vie de l’auteur, que naître d’un père anglais et d’une jeune mère française ne comptait pas pour lui, que Nice ne lui était rien, et lisons cette Ritournelle de la faim comme un roman de Modiano, le Paris de la guerre, les mauvaises affaires des adultes, les promesses non tenues, les cafés d’une jeunesse égarée,

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