La construction, par opposition à la composition, est l’idée de base du constructivisme. Sa définition est au centre du débat qui se développe en 1921 au sein de l’Inkhuk ( Institut de culture artistique) de Moscou. Cinq ans après la révolution d’octobre, les artistes, hommes et femmes, salariés de l’état, discutent collectivement du rôle de l’art dans la nouvelle société communiste à partir de la Maquette pour le « Monument à la IIIe Internationale », de Vladimir Tatline ; dans cette tour futuriste et fonctionelle, ils reconnaissent le principe de la « vérité des matériaux » ( qu’ils appellent faktura) , mais ils rejettent le caractère arbitraire de sa structure en spirale, et ils en tirent l’idée que la construction n’admet pas d’éléments subjectifs et doit s’en tenir uniquement aux propriétés des matériaux. C’est autour de ce principe que naît le « Groupe de travail des constructivistes » , voulu par Alexandre Rodtchenko, qui orientera la recherche surtout vers les « constructions spatiales » , structure qui veulent s’imposer par le correspondance totale entre forme et médium. La représentation, comme le déclare Rodtchenko, « est finie » et il traduit cet énoncé en peinture par ses trois monochromes de « couleur pure », exposés l’un à côté de l’autre : rouge, jaune, noir. Le critique Nikolaï Taraboukine l’appelle « le dernier tableau », plus radical encore que les toiles suprématistes de Malevitch. « Relier l’art au travail, le travail à la production, et la production à la vie quotidienne », comme l’écrit Taraboukine, devient l’impératif de la phase suivante, désignée par l’étiquette de « productivisme ». Le constructivisme connaît une diffusion internationale en dehors de frontières de l’état soviétique : à Berlin, grâce à El Lissitzki, en contact avec les dadaïstes et De Stijl, et en Pologne, grâce à Wladislaw Strzeminski et Katarzyna Kobro, théoriciens de l’ « unisme