Le conte philosophique
Le conte philosophique doit sa notoriété à Voltaire.
C’est à la fois un conte, un récit souvent proche, dans sa structure, du conte traditionnel : un héros, une quête, des obstacles, des éléments merveilleux ou exotiques (Voltaire est allé le plus souvent les chercher dans le monde oriental, le contrepoint de la raison philosophique). Il exploite en tant que conte le plaisir du récit et cherche ainsi à captiver le lecteur. D’ailleurs dans la stratégie voltairienne, ce recours aux charmes du merveilleux, du récit mouvementé et de l’intrigue sentimentale est destiné à éclairer les nombreux lecteurs qui auraient été rebutés par l’aridité des essais ou des traités. Voltaire écrivait dans une lettre à Moultou, le 5 janvier 1763 : "Il faut être très court, un peu salé, sans quoi les ministres et madame de Pompadour, les commis et les femmes de chambre, font des papillotes du livre".
Ce conte est donc également philosophique, car il cherche au final à éveiller la réflexion critique du lecteur sur des questions d’actualité plutôt subversives à l’époque : critique de la religion, du pouvoir absolu, de la politique, de la morale traditionnelle, promotion de la science et de la raison… Le sous-titre du conte éclaire le lecteur sur le thème traité : Zadig ou la destinée, Candide ou l’optimisme… Le conte philosophique se situe donc dans l’implicite, l’argumentation indirecte : c’est un « ouvrage qui dit plus qu’il ne semble dire. » Zadig, 1747.
Comment le conte philosophique est-il issu de l’apologue ? Quels liens continue-t-il à entretenir avec lui ? En quoi en diffère-t-il ? Essayons de répondre à partir de Candide.
* C’est un récit proche de l’apologue. Les personnages sont simplifiés, ils incarnent une vertu ou un vice comme dans la fable. Plusieurs récits enchâssés relèvent du genre du conte ou de la fable : l’eldorado, la rencontre avec les rois à Venise, les entretiens avec le derviche et le jardinier dans le dernier