Un jour de Noël, Charles, un prêtre dans la quarantaine, retourna au presbytère après avoir célébré la messe de 8h30. Il prit son petit déjeuner dans le salon. Comme il était seul, il alluma la télévision pour se distraire. On y présentait un vieux film américain intitulé « Miracle on 34th Street ». Il s’agissait d’une petite fille de New York dont la mère était divorcée. Le Père Noël rendait visite à la petite fille et lui demandait ce qu’elle voulait comme cadeau. Elle répondait : « Un papa et un petit frère ». L’intrigue continuait avec plusieurs tournures fort improbables, mais à la fin la petite fille obtenait ce qu’elle voulait. Sa mère finalement était tombé amoureuse de l’homme qui lui avait fait la cour tout au long du film, et elle l’épousait. La scène finale laissait comprendre qu’un petit frère était déjà en route. Bien que le film fut ordinaire et sentimental, il impressionna terriblement Charles, normalement un homme aux goûts raffinés. Le destin de la petite fille le bouleversa, et à la fin du film il versait des torrents de larmes. Il trouva même difficile de retourner à l’église pour la messe de midi.
Par la suite, Charles réfléchit à cette expérience et ce qu’elle lui apprenait sur lui-même. Son père était mort quand Charles était petit, et quand ses frères aînés étaient déjà lancés dans le monde. Comme enfant il avait été solitaire avec sa mère, qui avait dû travailler très fort pour les faire vivre tous les deux. Mais, Charles pensait, il avait atteint sa maturité avant de se rendre compte combien il souffrait de la solitude. Il aurait voulu un père auprès de lui, il aurait voulu désespérément un frère ou une sœur. C’est peut-être en partie ce qui l’avait attiré vers le séminaire – l’espoir d’y trouver des compagnons, et même des frères. On ne peut jamais juger de ces choses, se dit-il, mais cela pourrait certainement expliquer pourquoi il avait été si troublé quand certains de ces compagnons de classe partaient avant ou après leur ordination.