Le corbusier
(Bref rappel d’une tentative de tabula rasa urbaine)
« Une montagne en mal d’enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun au bruit accourant
Crut qu’elle accoucherait, sans faute,
D’une Cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d’une Souris. […] »
Jean de la Fontaine, Fable X.
« Il y a menace sur Paris », telle est la déclaration pleine d’inquiétude de Le Corbusier en 1931.
Peut-être pleine d’hypocrisie également. Car on sait que, dès 1922, par le biais du Plan Voisin,
Le Corbusier projette de transformer radicalement le centre de la capitale française. Dans le cadre du projet d’un « Plan de la ville de 3 millions d’habitants », Le Corbusier définissait les quatre « Principes fondamentaux » : « 1° Décongestionnement du centre des villes ;
2° Accroissement de la densité ; 3° Accroissement des moyens de circulation ;
4° Accroissement des surfaces plantées. » Mais Le Corbusier orientera sa volonté de chamboulement sur le Paris qui « attend de l’époque : le sauvetage de sa vie menacée, la sauvegarde de son beau passé, la manifestation magnifique et puissante de l’esprit du XXe siècle. » Il poursuit son analyse par un diagnostic implacable et dans les termes suivants : « Des quartiers entiers ne sont plus que de la pourriture, des foyers de maladie, de tristesse, de démoralisation.
Une grande opération financière semblable sur une échelle infiniment plus vaste, à celle d’Haussmann, apporterait à la ville des bénéfices financiers énormes (se souvenir qu’Haussmann construisit des maisons à six étages à la place de maisons de six étages, et qu’aujourd’hui, on peut construire des maisons de soixante ou de douze étages à la place de maisons de six étages). » Le domaine de l’intervention urbaine de Le Corbusier sur Paris est alors très vaste – il occupe plusieurs arrondissements du Paris actuel – et très précis dans l’implantation des immeubles : des gratte-ciel dans le centre, des immeubles à redents autour.
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