Le corps baroque
Le corps est l'un des problèmes fondamentaux qui se posent à la culture occidentale et sans doute à toute culture humaine. La spécificité et la pertinence, en tant que signes susceptibles de produire du sens, des productions culturelles humaines, est le fait qu'elles soient essentiellement, à titres divers, des productions de l'esprit. Ainsi regardée comme « spirituelle », ou tout du moins intellectuelle, la culture humaine, semble privillégier ce qu'il est convenu d'appeler l'âme, ou l'esprit, en minimisant le corps qui la relierait un peu trop à la nature et à l'animal. Le corps dans cette perspective peut être perçu comme l'élément d'indifférenciation, ce qui ramènerait la spécificité humaine au désordre naturel. Cependant, si la culture humaine est essentiellement oeuvre de l'esprit, il n'en en pas moins vrai que l'esprit s'exerce dans et par le corps. Dès lors, la question reste de savoir comment articuler la spécificité « spirituelle » - sa dissemblance d'avec la nature - des cultures humaine et le « lieu » de sa possibilité absolue – sa ressemblance avec la nature – à savoir le corps.
Comme fait culturel, les diverses religions n'échappent pas à cette analyse, d'autant plus qu'elles accroîssent la charge de signification. Elles ne visent plus, en effet, simplement à organiser la nature et à s'en démarquer, mais elles se proposent, de la transcender et de la conduire vers un au-delà. La question du corps, dès lors, ne saurait se poser sans une nouvelle acuité. Chaque grand courant religieux va mettre en place un discours où, d'une manière ou d'une autre, la dichotomie et le débat entre le corps et, disons, l'âme sera une des thématiques. Dans le christianisme, la problèmatique corporelle se pose comme un paradoxe. Il est à la fois l'unique religion où la divinité s'incarne et, à mille lieux que ce que peut être un