Le coup de feu - dumas
Un coup de feu et autres nouvelles
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Nouvelles
Un coup de feu et autres nouvelles
La Bibliothèque électronique du Québec Collection À tous les vents Volume 867 : version 1.0
Du même auteur, à la Bibliothèque : Le Comte de Monte-Cristo Le meneur de loups Les mille et un fantômes La femme au collier de velours Les mariages du père Olifus Le princes des voleurs Robin Hood, le proscrit Le maître d’armes Une aventure d’amour La tulipe noire L’horoscope Les compagnons de Jéhu La reine Margot Les trois mousquetaires Le Chevalier de Maison-Rouge Histoire d’un casse-noisette et autres contes Récits fantastiques I et II
Un coup de feu
I
Nous étions dans un petit bourg. La vie d’un officier de ligne est connue : le matin, il y a exercice, manège, dîner chez le chef du régiment, ou bien dans une auberge juive ; le soir, le bol de punch et les cartes. Dans ce bourg, il n’y avait pas une seule maison qui reçût, pas un soupçon de promises. Nous nous rassemblions les uns chez les autres, où nous ne voyions que nos uniformes à nous. Un seul individu non militaire appartenait à notre société. C’était un homme de trente-cinq ans, à peu près ; c’est pourquoi nous le tenions pour un vétéran. Son expérience lui donnait parmi nous une certaine autorité, de même que sa tristesse habituelle, son caractère âpre, sa langue envenimée avaient une grande influence sur nos jeunes esprits. Quelque chose de mystérieux environnait son existence ; il avait l’air d’être Russe, et cependant il portait un nom étranger.
Autrefois, il avait servi dans les hussards, et même très heureusement ; personne n’a jamais connu la cause qui lui avait fait quitter le service et s’installer dans un misérable bourg, où il menait une vie à la fois triste et coûteuse. Il sortait toujours à pied, quelque temps qu’il fit. Il était habillé d’un vieux surtout noir. Il tenait table ouverte pour tous les officiers du régiment : il est vrai que son dîner ne consistait