Le couple, le soi et la famille
En effet, comme nombre de sociologues contemporains, De Singly se focalise sur ce que nous nommons la dimension imaginaire des faits sociaux, au détriment des dimensions symbolique et réelle, que nous présentons sous la forme de fiches techniques dans le numéro précédent (n°4) et celui à venir (n°6). La famille se trouve ainsi réduite à la famille horizontale. Plus largement, la réalité sociologique se limite aux quelques mètres carrés nécessaires au développement des interactions, lesquelles n’ont pour enjeux que la validation de l’identité personnelle. Exit la lutte des classes bien entendu, faisons place à la lutte des faces, à travers une théâtralisation de la vie sociale qui nous fait presque oublier que Goffman a toujours refusé l’étiquette d’interactionniste, attaché qu’il était à « l’ordre de l’interaction » et aux « cadres de l’expérience ».
De Singly est visiblement fasciné par la force déterminante du regard, fétiche du sujet imaginaire, narcissique par définition. Ainsi, « le plus important réside dans le regard et sa réception. Dans les yeux du cœur » (p. 21), l’individu ayant « besoin d’un miroir spécifique : le regard d’autrui » (p. 26), cherchant « à se conformer au regard qu’autrui lui renvoie de lui-même » (p. 11), etc. Or, il en vient malheureusement à dénier la force non moins déterminante du langage et notamment de la nomination, modalité de transmission pourtant essentielle de l’ordre symbolique. D’ailleurs, se donnant une définition