LE COUVENT DE PALERME
L’oiseau semblait la regarder comme s’il était encore vivant. C’était une chouette. Une Chouette Effraye, comme l’île en comptait des centaines, qui faisaient leur nid dans les vieilles bâtisses et emplissait la nuit de leurs cris déchirants. Mais le cri de celle-ci ne dérangerait plus jamais personne. C’étaient les pensées qui traversaient l’esprit de Sœur Giorgia pendant qu’elle retirait la dépouille de l’animal de la porte de la chapelle où une main criminelle l’avait crucifiée pendant la nuit. Les mythes et légendes autour des chouettes et des hiboux avaient traversé les siècles et étaient arrivées intacts jusqu’à l’époque actuelle. Et Giorgia savait ce que ce symbole voulait dire. C’était une menace. Un mauvais présage. Pire, même un présage de mort. Encore ! En soupirant, d’ennuie plus que d’effroi, elle enveloppa le corps de l’animal dans un linge blanc avant de le faire disparaître dans le compost du jardin. Heureusement pensa-t-elle, personne à part elle n’avait vu ce terrible spectacle. Il était encore tôt – très tôt - et à part elle, le couvent était encore endormi. Depuis longtemps, elle avait pris l’habitude de se lever la première et de se coucher la dernière, pour veiller sur la petite communauté dont elle avait la charge. Et un jour comme celui-ci, elle se félicitait plus que jamais de cette bonne habitude. Il lui restait une petite demi-heure devant elle avant que les autres ne se réveillent. Le temps de réfléchir à la situation. Car cela ne pouvait plus durer. De la fenêtre de son bureau, tout en buvant son café, elle s’offrait quelques instants pour respirer les effluves des citronniers, des oliviers, et des plants de thym du jardin de la communauté. Elle voyait la mer scintiller à perte de vue, et cela la remplissait de bonheur et d’énergie pour affronter ses longues journées d’activité.

Il était à peine 6 heures du matin et il faisait déjà chaud. C’était comme ça, ici, même à cette heure matinale, et même