Le devoir se résume t-il à l'obéissance ?
I/ Légitimité de la réduction du devoir à l’obéissance
II/ Effet pervers de cette réduction
III/ Vers un devoir de désobéissance
Intro : Le devoir et l’obéissance sont deux notions différentes. Il n’est cependant pas rare de constater que les deux notions sont liées. Le devoir peut se définir comme un impératif qui impose à l’homme d’accomplir ce qui est prescrit en vertu d’une obligation. Pour Kant, le devoir est la nécessité de faire une action par respect pour la loi. Quant à l’obéissance, c’est consentir à se plier à la volonté d’autrui, comme l’enfant obéit à un parent et un individu obéit à la loi. Le devoir est donc une obligation vis-à-vis de soi-même tandis que l’obéissance est une obligation vis-à-vis d’autrui.
Il convient donc de se demander si le devoir peut vraiment être libre où s’il ne peut être consenti que sous la contrainte.
Nous constaterons en premier lieu qu’il est légitime de réduire le devoir à l’obéissance, puis nous verrons que cette réduction peut avoir des effets pervers. Enfin, nous observerons que désobéir peut être un devoir.
Tout d’abord, dans toute société ou structure sociale, notre devoir est d’obéir, soit par obligation sociale, soit par obligation ethnique ou encore religieuse. Le devoir concerne donc la volonté, il ne concerne qu’un être susceptible de choisir. En ce sens « je dois le faire » implique que « je ne puisse pas le faire ». La raison est donc impliquée dans le devoir puisque la volonté est liée à la raison. Par ailleurs, pour Emmanuel Kant, la raison peut apparaître sous deux usages différents, l’usage privé de la raison, qui est la conscience qui censure mécaniquement les actes d’un individu, et l’usage publique, qui est la liberté et les convictions publiques d’un individu. Ceci implique que nous obéissions mécaniquement à une loi morale qui veut que nous voulions qu’elle soit érigée comme une loi